Torture-test de spatialisation à Broadway
Pour ce nouveau torture-test de spatialisation et débuter l’année avec panache, nous vous invitons à (re)découvrir l’une des plus célèbres comédies musicales dans sa plus remarquable captation : West Side Story.
Jouée pour la 1ère fois au Winter Garden Theatre de Broadway en 1957, ce n’est qu’en 1961 que la comédie musicale fut gravée sur des galettes vinyls. La captation est réalisée sous les meilleurs auspices puisque c’est l’un des rares disques en stéréo de l’époque alors que ces supports étaient en général proposés en mono. Il faut dire qu’avec près de 1000 représentations à guichets fermés en seulement 3 ans, la maison de disques Columbia a flairé le bon filon. L'album cumule une suite impressionnante de records de vente : 8 fois album de Platine, 5 fois album d’Or, meilleure vente de la décennie, album resté le plus longtemps au sommet des charts US (position qui lui est disputée par le Thriller de M. Jackson).
Cet engouement sans équivalent est bien entendu lié aux génies conjugués de Shakespeare pour l’inspiration (Roméo & Juliette), de Leonard Bernstein pour la musique et de Stephen Sondheim pour les paroles. D’ailleurs, le lyrisme des partitions de Leonard Berstein continuera d'inspirer longtemps les musiciens avec de nombreuses interprétations jazzistiques (comme celle de l’Oscar Peterson Trio) et symphoniques (dont celle conduite par Seiji Ozawa). Mais si l’on compte une foule d’interprétations de la partition musicale, ce n’est pas le cas pour la comédie musicale en elle-même, dans son entièreté i.e. la musique et le chant car figurez-vous que pour enregistrer la comédie musicale West Side Story, les ayant-droits exigent de produire l’oeuvre à l’identique, avec un casting vocal au grand complet.
Ainsi, après le premier enregistrement de 1960, il faut attendre 1984 pour qu’une nouvelle production voie le jour, dirigée par Leonard Bernstein himself, avec Kiri Tekenawa et José Carreras aux premiers pupitres. La Deutsche Grammophon est à la manoeuvre et à la planche à billets mais pour tout vous dire, le mood de cet enregistrement est… très arts lyriques. Les amateurs seront ravis et « Lenny » méritait bien qu’un hommage soit rendu à une carrière de compositeur classique aussi prolifique que méconnue. Mais la plus fidèle et brillante interprétation de la comédie musicale (selon nous, bien évidemment) vient du chef d’orchestre américain Michael Tilson Thomas, en 2014.
Fidèle et brillante car « MTT » n’a pas couru une interprétation autre que l’originelle. Sa seule ambition était de faire revivre la fougue et le romantisme de West Side Story dans son intention première, celle d’une comédie musicale. Pour cela, il acoquine le très respecté San Francisco Symphony dont il est le chef d’orchestre en résidence, avec de jeunes voix issues de Broadway plutôt que des stars du chant lyrique. Sony est le label derrière cette onéreuse production qui fera l’objet d’un double SACD qu’on peut encore dénicher. À la différence de l’enregistrement de la Deutsche Grammophon qui fut réalisé en studio (certes, un vaste studio), celui conduit par MTT a lieu dans l'enceinte du San Francisco Opera. Ce mode de captation est d'une exigence à se tirer les cheveux pour des ingénieurs du son et fait une très grande différence pour l’auditeur. Logiquement, l’orchestre précède les interprètes répartis sur toute la scène. On perçoit clairement les effets de salle, le positionnement relatif de l’orchestre et des interprètes, en largeur et en profondeur. Voilà en quoi cet enregistrement constitue un redoutable torture-test pour la capacité de spatialisation de votre casque. Si les voix vous semblent comme diluées dans le jeu de l’orchestre ou comme éteintes par manque de présence, vous connaissez notre esprit taquin… et la conclusion ;-)
Site officiel de Leonard Bernstein
Site officiel de Michael Tilson Thomas
Téléchargement Qobuz (NB : Headonist n’est pas rémunéré pour cette recommandation)